Peter Weir, 1989
Synopsis : “Todd Anderson, un garçon plutôt timide, est envoyé dans la prestigieuse académie de Welton, réputée pour être l’une des plus fermées et austères des États-Unis. C’est dans cette université qu’il va faire la rencontre d’un professeur de lettres anglaises, Mr Keating, qui les encourage à toujours refuser l’ordre établi. Les cours de Mr Keating vont bouleverser la vie de l’étudiant réservé et de ses amis…”
“Une autre brique dans le mur” : l’éducation à la conformité
“Tradition, honneur, discipline, excellence.” Ce sont les pilliers de cette école préparatoire aux Etats Unis.
Dès les premières scènes, on ressent la pression derrière ces quatre mots qui pèse sur les élèves. La pression de faire mieux que leurs grands frères, qui étaient reconnus comme “brillants” dans les promotions précédantes. La pression de répondre aux exigences de leurs parents, et de ne pas “dévier du droit chemin” avec des activités extrascolaires par exemple. Une contrainte de la perfection académique, dans laquelle il y a peu de place aux notions de plaisir ou d’esprit critique.
En revanche, la bulle de légèreté dans cette école sévère se trouve dans la fraternité du groupe, comme un rempart aux dogmes autoritaires. Les étudiants révisent entre eux, s’entraident, et intègrent même Todd, le plus discret, dans leur bande.
Il y a dans cette éducation un encouragement à la conformité et l’obéissance aux règles. Chaque acte qui s’en éloigne donne lieu à une punition chez les élèves (par punition, on entend violence physique et humiliations par le directeur à la blague d’un d’entre eux, par exemple). La menace de la punition, de la restriction des droits, ou pire, de l’expulsion plane. Ainsi, ceux qui craignent les répercussions se soumettent à l’autorité, non pas par conviction, mais par peur.
L’utilitarisme moderne est un principe initié par Francis Bacon dans lequel il prône la conquête de la nature et la recherche du progrès et du gain matériel par l’homme.
Selon ce prisme, les parents peuvent forcer leurs enfants à se concentrer uniquement sur les révisions, qui leur permettront de devenir avocat ou médecin, ce qui correspond à une forme de confort matériel sur le plus long-terme.


Le désapprentissage et ses vertus
Mr Keating vient mettre un coup de pied dans la fourmilière. Il leur apprend la poésie. Lui, ne croit pas au confort du “par coeur” et de la perfection. Son but : enseigner aux élèves à trouver leur propre opinion. Pour ça, il les sollicite à explorer et à découvrir les faits d’une autre perspective.
Le romantisme est un courant amené par Rousseau, selon lequel l’homme et ses passions sont intrinsèquement bons et que c’est la société qui corrompt l’humanité. Dans cette continuité, Keating ne restreint aucun comportement, même, il ordonne de déchirer des pages, de se mettre debout sur sa table, et plus généralement, de toujours répondre à ses envies pour donner un sens à l’existence.
Les élèves se réunissent au sein du Cercle des Poètes Disparus (créé par Keating quand il était lui-même étudiant) pour créer des poèmes, mais aussi jouer de la musique, ou explorer la forêt.
Guidé par cette philosophie nouvelle, Neil s’engage dans la pièce de théâtre de l’école contre l’opposition de son père. Cet enseignement à aller à contre-courant n’est pas sans risque…
Entre liberté et formatage
Et c’est tout l’art du film.
Si l’éducation stricte empêche aux jeunes garçons de s’interoger et de s’épanouir selon leurs propres valeurs, la vision de Keating est idyllique dans le fait qu’elle ne prend en compte que de manière partielle la réalité.
Par exemple, Knox est à une soirée à côté de la fille qui lui plaît sur le canapé et qui somnole. Il se dit alors “Carpe Diem” pour se donner du courage, et l’embrasse sur le front. Dans sa vision poétique, son envie lui dit de la séduire. Mais la prise en compte du contexte (son consentement, le fait qu’elle ait un copain, le fait qu’on n’embrasse pas les gens quand ils dorment?) est importante pour créer des relations stables avec les autres.
La patience, savoir tolérer la frustration, ce sont des compétences nécessaires pour être heureux sur le long-terme, ce qui n’est pas pris en compte dans la formule “cueille le jour”.

En conclusion, J’ai été bouleversée par le besoin de ces personnages de s’émanciper de ces lignes tracées pour eux mais pas avec eux. J’ai aimé les voir se soutenir dans les moments anecdotiques comme cruciaux. Je pense qu’un bon film est un film qui ne crée pas de gentils ou de méchants, mais des personnages humains avec de bonnes intentions, et c’est un pari réussi pour le Cercle des Poètes Disparus.
→ J’ai hâte de lire ton avis sur ce film. Qu’est ce que tu as pensé des deux types d’éducations présentés ? Quels impacts tu penses qu’ils provoquent à court et à long-terme chez les enfants et les adolescents ?